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5 mars 2019 2 05 /03 /mars /2019 11:38

SOME NEWS FROM OUR FAMILY CAMP

QUELQUES INFORMATIONS DE FAMILLE

par ORUNO D. LARA

CERCAM – Centre de recherches Caraïbes-Amériques

5 mars 2019

 

 J’ai l’immense, l’inestimable privilège – que je partage avec certains cousins et cousines de Guadeloupe – de posséder parmi mes ancêtres un lot de deux grands-pères journalistes, fondateurs de journaux.

Le premier, ORUNO LARA (1879-1924), a publié peu avant son décès un roman que je réédite au printemps de cette année, avec une solide introduction portant sur une période de conflit mondial (1914-1918), la sortie de guerre, le Paris Nègre…

Le titre de l’ouvrage à paraître :

ODL

AU SORTIR DE LA GRANDE GUERRE

UN ROMAN DE ORUNO LARA :

QUESTION DE COULEURS (1923)

Éditions du CERCAM 2019

 

Et j’en profite pour avouer ce que je pense réellement du concept de « négritude », si cher à certains littéraires insulaires, Martiniquais et Japonais…

Un colloque international sur le Paris Créole s’est tenu à la Sorbonne les 27 & 28 février derniers. L’occasion m’a été offerte de rappeler aux universitaires des îles qui n’en finissent pas de suivre en habits le cortège funéraire de CÉSAIRE, qu’il existe en ce bas monde, d’autres sujets de réflexion.

L’occasion également de se remémorer avec mes cousines et cousins un anniversaire :

le 27 février 1924 à 17 heures - il y a donc 95 ans - mourait à Paris, mon grand-père, ORUNO LARA.

Des recherches récentes ont précisé le lieu et les causes de son décès, à 45 ans.

Mon grand-père meurt brutalement des suites d’une longue campagne de guerre passée dans les tranchées, souffrant des bronches, ayant subi les effets de gaz toxiques. Maxence RÉACHE son beau-frère, l’avait vu, quelques jours auparavant, malade, agonisant, chez lui à son domicile : 1 rue Hautefeuille, dans le 6e arrondissement de Paris.

En revanche, je poursuis mes recherches concernant la personne qui l’a conduit le 24 à l’hôpital et qui l’a accompagné jusqu’à son dernier souffle.

Je termine ainsi des investigations élaborées, consignées dans la longue durée, que je pilote au gré de mes disponibilités, de mes temps libres, car n’étant pas généalogiste, je peine souvent à me résoudre, avec l’aide de mes complices habituels, à compulser les grimoires de l’état civil. Disons clairement que mes recherches thématiques sont prioritaires. L’univers de l’historien est meublé de livres, de revues, de documents, d’archives, de journaux, de cartes géographiques, de photographies et d’objets divers qui participent à la création.

Comme j’envie, bien entendu, certains de nos paroissiens oisifs, individus vivant sans doute de leurs rentes, suspendus aux bastingages ou portés aux fenêtres. Des observateurs passionnés aux persiennes, qui n’en finissent pas d’observer leur voisinage immédiat, tels des concierges d’immeubles surveillant leur entourage !

Hélas ! je n’ai pas cette chance de me maintenir dans cette posture sur le balcon et de regarder défiler le Carnaval grandguignolesque, si apprécié de nos écornifleurs…

J’ai bien dû endosser, malgré mes réticences, le costume de critique universitaire pour compléter les informations livrées au sujet du roman de 1923 publié par ORUNO LARA peu avant de disparaître dans l’oubli.

Qui connaît, qui a lu le roman QUESTION DE COULEURS ?

Que de fois ai-je entendu s’exprimer, vociférer, des universitaires insulaires, des auteurs de communications, des littéraires en général, qui se contentent, je le répète, de trottiner derrière le corbillard. Un cheminement en boucle ?

Tout le monde en ce moment invoque le Paris Créole, mais qui se souvient, comme ORUNO LARA, du Paris Nègre ?

Tenez, une simple image que je vous glisse du bout des doigts :

Joséphine BAKER, dansant frénétiquement dans la Revue Nègre à ses débuts.

Henri SALVADOR, lui aussi à ses débuts, essayant, lui aussi, maladroitement, de rouler les yeux, de se défigurer et de danser, pour surmonter le racisme. Le racisme que produit ce Paris Nègre.

C’était paraît-il, la « Belle époque »… Voire !

Je pense à MORTENOL, le capitaine de vaisseau MORTENOL, qui n’a jamais obtenu de ses chefs de la marine, l’autorisation d’appareiller sur un bâtiment, pour un commandement à la mer !

Certains admirateurs qui ignorent l’Histoire, veulent à tout prix en faire le héros de la Défense Contre Aéronefs, sans savoir que le pauvre capitaine devenu colonel s’est vu chapeauter par un autre colonel nommé général de brigade pour commander la défense aérienne de Paris. MORTENOL à ses ordres, évidemment…

Parlez-en de la belle époque à MORTENOL en 1930, peu avant son décès à Paris et son enterrement, sans flonflons ni trompettes, dans la discrétion. Son rapport sur l’aviation, oublié dans les tiroirs du ministère de la Guerre.

Vous voyez à ces lignes que je ne suis pas du tout un gentil généalogiste, à votre service. L’Histoire me passionne et m’entraîne dans l’ivresse de la recherche dans un espace où seuls sont conviés les mathématiciens, les poètes, les musiciens et ceux qui connaissent les contes de compère lapin et de compère Zamba…

 

Un second  grand père émerge, derrière ces contes, du calendrier : le 5 mars - donc aujourd’hui - au moment où je rédige cette Note familiale, le 5 mars 1939, paraissait le premier numéro du journal LA RAISON.

Son directeur-fondateur : ARISTIDE LOUIS, né à Pointe-à-Pitre en 1874.

Un grand-père merveilleux, que j’ai eu beaucoup de chance de connaître, alors que le premier m’a été décrit par son épouse, sa veuve, Agathe LARA-RÉACHE.

Comment vous esquisser le portrait de ce grand-père unique en son genre.

Imaginez un homme jovial, chaleureux, connu de tous les Pointois, travailleur infatigable, dans plusieurs secteurs :

- cordonnier,

- coiffeur,

- commerçant (représentant en vins de Bordeaux),

- journaliste à partir de mars 1939.

Quand je l’ai connu, il habitait une maison près de la place de la Victoire : une entrée pour les clients qui venaient réparer leurs chaussures, une autre entrée pour ceux qui venaient se faire raser. J’ai retrouvé aux Archives de Chartres, dans la correspondance du gouverneur de la Guadeloupe, la carte adressée par Aristide LOUIS portant la mention de sa casquette de commerçant.

Je relisais avec émotion les numéros du journal bi-mensuel LA RAISON que je possède pour l’année 1939. J’ai la totalité des numéros heureusement !

Aristide LOUIS avait pris soin de relier ses journaux et de les protéger pour ses successeurs éventuels.

Je sais, je devrais rédiger une étude qui présenterait au public ce journal peu connu même des initiés. Pourtant il a paru au cours des années décisives : 1939, 1940…1945, 1946…

Dites, mes chers cousines et cousins qui m’écoutez vitupérer : y aurait-il parmi vous des jeunes, des très jeunes, qui prendraient volontiers le bâton, le hanap ou l’olifant de l’historien ?

Le bâton pour marcher, marcher, et encore marcher sans jamais s’arrêter.

Le hanap pour boire, tel celui offert par Obéron à de rares amis, qui ne se désemplit pas.

L’olifant, pour sonner, seul, comme Roland à Roncesvalles, annonçant une nouvelle aux grossistes de la Collectivité…

 ORUNO D. LARA

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